- Publication : 19 décembre 2018
Le roi Mohammed VI a adressé un message au 3-ème Forum parlementaire des régions qui a ouvert ses travaux mercredi à Rabat.
Voici le texte intégral du Message Royal dont lecture a été donnée par Abdellatif Mennouni, Conseiller de SM le Roi.
"Louange à Dieu, Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.
Mesdames, Messieurs,
Nous avons
le plaisir d’adresser ce message à votre Forum, qui bénéficie depuis
son institution de Notre Haut Patronage. Cette sollicitude témoigne de
Notre souci de faire aboutir le chantier de la régionalisation avancée
en tant que réforme structurante inscrite au cœur de Nos orientations
stratégiques, à travers laquelle Nous entendons renforcer la dynamique
de modernisation institutionnelle de notre pays, fortifier le socle d’un
Maroc attaché aux valeurs de solidarité, de dignité, de justice sociale
et territoriale, impulser le développement intégré et durable en faveur
de tous les citoyens.
A cette
occasion, Il Nous plaît de saluer le choix de la Chambre des Conseillers
d’inscrire dans la continuité la démarche de réflexion et de
proposition engagée avec ses partenaires institutionnels, en
l’occurrence le Conseil Economique, Social et Environnemental, le
Conseil national des Droits de l’Homme, les Associations des Régions et
des Communes du Maroc, en prenant avec eux l’initiative d’organiser la
troisième édition du Forum parlementaire des Régions.
Notre
souhait est que cette édition soit l’occasion d’approfondir la réflexion
constructive d’ores et déjà amorcée, de proposer des solutions
innovantes et pratiques appropriées afin que la Régionalisation avancée
puisse jouer un rôle clé de puissant levier pour produire du capital
matériel et immatériel, créer des emplois, notamment au profit des
jeunes, favoriser l’insertion des différentes catégories sociales,
garantir la participation citoyenne large et responsable et concourir à
la promotion de la diversité culturelle de notre pays, dans le respect
des spécificités de son identité nationale unifiée.
Vous
n’ignorez pas que la valorisation optimale de ce chantier décisif ne
dépend pas seulement de l’étendue des compétences attribuées aux
collectivités territoriales, plus particulièrement aux régions, mais
qu’elle est essentiellement liée à la manière dont ces compétences sont
exercées, à la capacité de tous les acteurs, notamment les élus, à faire
preuve d’un sens élevé des responsabilités, à privilégier le travail
collectif qui érige l’impératif de servir le citoyen en priorité
absolue, et qui transcende toutes les considérations étriquées.
De fait,
les Marocains ne veulent pas d’institutions régionales qui restent
lettre morte. Ils aspirent plutôt à disposer de régions agissantes qui
répondent à leurs préoccupations pressantes, et qui contribuent à
l’amélioration de leur quotidien.
Mesdames, Messieurs,
Les
dispositions et les chantiers que Nous avons lancés récemment, notamment
ceux relatifs à la déconcentration administrative, à la réforme du
Système d’appui et de protection sociale, au dispositif de formation
professionnelle, à la refonte du cadre juridique et réglementaire des
Centres régionaux d’Investissement, s’insèrent dans le cadre de Notre
vision globale qui entend réunir les conditions favorables à
l’aboutissement du processus de développement régional, par
l’accélération de la cadence de sa mise en œuvre et par l’habilitation
de toutes les régions à exercer pleinement et efficacement leurs
compétences.
Par
conséquent, Nous soulignons aujourd’hui la nécessité de veiller à la
cohérence et à la complémentarité des missions assignées à l’ensemble
des acteurs publics territoriaux, plus particulièrement, aux
collectivités territoriales. De fait, les lois qui régissent ces
structures ont confié aux régions, des missions de promotion du
développement intégré et durable, aux Conseils des préfectures et des
provinces, des missions de promotion du développement social en milieu
rural autant que dans les espaces urbains et enfin aux communes, des
missions de prestation de services de proximité aux habitants.
A cet
égard, Nous vous invitons à prendre part à l’effort de réflexion qui
doit conduire à la mise en place d’un cadre méthodologique définissant
le calendrier des étapes par lesquelles les régions devront passer dans
l’exercice de leurs compétences. La conception de ce cadre doit prendre
en considération les exigences de complémentarité entre les compétences
propres, partagées et transférées et doit tenir compte des capacités
financières et managériales spécifiques à chaque région, tout en gardant
à l’esprit les nouvelles solutions institutionnelles dont l’efficacité a
été éprouvée.
A cet
égard, Nous notons que les différentes régions du Royaume ont connu des
évolutions contrastées dans la mise en œuvre des programmes de
développement régional. Néanmoins, pour que ces programmes se traduisent
en réalisations effectives et complémentaires des politiques
sectorielles menées au niveau territorial, les régions ne devront pas se
limiter aux filières habituelles de financement. Il leur faudra, en
effet, réfléchir attentivement aux modalités de mobilisation des
financements nécessaires à ces programmes et à leur diversification
grâce à différents partenariats, y compris la coopération décentralisée.
A ce
propos, Nous invitons les régions à saisir l’occasion des prochaines
évaluations d’étape des programmes de développement régional pour
renforcer l’ingénierie de financement des projets planifiés et pour
garantir ainsi leur faisabilité et leur efficience.
En ce qui
concerne la question des financements, il n’est nul besoin de rappeler
que l’Etat, dans son ensemble, dispose de moyens financiers limités.
Aussi, tenant compte de cette contrainte, il importe que les
collectivités territoriales veillent à mettre au point des programmes de
développement et des plans d’action qui tiennent compte d’une gestion
efficace et efficiente des ressources financières et de la nécessaire
affectation de celles-ci à des investissements générateurs d’emplois
productifs et propres à satisfaire les besoins réels et pressants des
populations.
Mesdames, Messieurs,
Lors de la
deuxième édition du Forum, Nous avions exhorté les élus à concevoir des
solutions locales adaptées aux problèmes des jeunes.
Or, Nous
avons constaté qu’à cet égard, les initiatives des Régions restaient
en-deçà de Nos ambitions et qu’elles ne répondaient pas aux attentes des
catégories concernées.
Par
conséquent, Nous soulignons à nouveau le caractère prioritaire de cette
question urgente et, en la matière, Nous insistons notamment sur la
nécessité d’une approche participative pour élaborer des plans et des
programmes régionaux d’insertion des jeunes, qui soient complémentaires
et compatibles avec la Stratégie nationale intégrée de la jeunesse.
Nous
appelons également le Gouvernement, le Conseil Economique, Social et
Environnemental et les autres organismes publics concernés, à
accompagner les Régions dans ce domaine, à leur apporter leur appui pour
atteindre cet objectif et contribuer ainsi à la mise en œuvre des
droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux ainsi qu’au
renforcement des mécanismes de médiation au niveau territorial.
Aussi,
Nous vous invitons à réfléchir aux moyens de rendre opérationnels les
mécanismes participatifs de dialogue et de concertation, y compris les
modalités d’implication des nouveaux acteurs dans les différentes
dynamiques sociétales à l’œuvre au niveau régional. Le but est de
garantir l'efficacité de l’action participative menée avec les Conseils
régionaux, de mettre en exergue le caractère inclusif de ces mécanismes,
notamment en faveur des femmes et des jeunes.
A cet
égard, Nous avions orienté les collectivités territoriales pour qu’elles
insèrent, dans leurs programmes, des projets à même d’apporter plus de
justice sociale et territoriale, de réduire les formes existantes de
marginalisation et d’exclusion.
Dans cet
esprit, Nous orientons ces collectivités pour qu’elles mettent en place,
en partenariat avec l'État et les autres acteurs territoriaux, des
programmes et des projets susceptibles de renforcer les capacités des
classes moyennes en milieu urbain et, parallèlement, de favoriser
l’émergence et l’élargissement d'une classe moyenne agricole.
Mesdames, Messieurs,
Nous
saisissons l’ampleur de vos attentes concernant la mise en œuvre
opérationnelle de la nouvelle Charte de déconcentration administrative,
et le nouveau format des Centres régionaux d’Investissement qui leur
confère désormais de larges prérogatives pratiques.
À ce
propos, Nous recommandons aux collectivités territoriales de se mettre
au diapason des développements de l’heure et, plus largement, de
s’adapter aux évolutions profondes et accélérées qui caractérisent notre
pays autant que le monde qui l’entoure. Ces collectivités devraient
également conclure des partenariats efficaces et productifs avec les
structures administratives déconcentrées, les opérateurs du secteur
privé et les acteurs de la société civile. Elles devraient aussi
accompagner la dynamique vouée à l’amélioration du climat et des
procédures d’investissement au niveau territorial.
L'adoption
des principes de bonne gouvernance et de corrélation entre exercice de
responsabilités et reddition des comptes, demeure la pierre angulaire de
toute action visant à renforcer l’efficacité des institutions, à
promouvoir le développement local et régional intégré.
En
conséquence, Nous orientons les collectivités territoriales et tous les
participants à ce Forum, pour accorder l’attention requise à cette
question, lors des débats ou sur le terrain, de sorte que le principe de
gouvernance ne demeure pas un simple slogan creux, sans contenu réel et
sans impact tangible sur les conditions de vie des citoyens.
De la
valorisation des ressources humaines à la notion de responsabilité et de
demande de reddition des comptes, en passant par les nouveaux modes de
gestion et les mécanismes d’implémentation modernes, nombreux sont, en
effet, les sujets qui vous interpellent et vous incitent à identifier
les causes réelles de la situation actuelle et, partant, à chercher des
solutions réalistes, adaptées et transparentes aux problèmes posés, à
répondre favorablement aux doléances et aux attentes des citoyennes et
des citoyens.
C’est la
voie indiquée pour rehausser la performance des institutions, tant au
niveau national que territorial, pour renforcer la confiance des
citoyens en elles, pour concourir à la réalisation du développement
intégré, de la justice sociale et territoriale.
Pour
conclure, Nous insistons de nouveau sur l’attention constante que Nous
accordons au suivi des conclusions du Forum parlementaire des régions.
Nous avons aussi bon espoir que ses travaux déboucheront sur des
recommandations et des propositions pratiques, propres à répondre aux
défis, présents et futurs, liés à la régionalisation avancée, et
susceptibles d’enrichir le modèle de développement en cours
d’élaboration.
Puisse Dieu couronner vos travaux de succès.
Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wabarakatouh".
le360
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